Créée dès 1962, l’Equipe Secours des Scouts de Cluses est une section du mouvement des Scouts Autonomes Savoyards.
Elle s’est donnée pour mission de participer à la recherche de personnes disparues, et de prêter main forte à la gendarmerie, aux sapeurs-pompiers ou aux membres de la sécurité civile dans le cadre de l’exécution de certaines de leurs missions.
Ses membres sont également amenés à intervenir lors de catastrophes naturelles (inondations, tremblements de terre, avalanches, coulées de boue…) en France comme à l’étranger.
L’Equipe Secours compte une vingtaine de secouristes bénévoles adultes, tous issus du mouvement des Scouts de Cluses. “SERVIR” est sa devise.
Rénovation du dojo
Mission à Breil-sur-Roya décembre 2020
Du 26 au 29 décembre 2020, plusieurs membres de l’Equipe Secours des Scouts de Cluses se sont rendus à Breil-sur-Roya, accompagnés de représentants du mouvement des Scouts, des Guides et de différentes sections sportives des Scouts de Cluses (ski de piste, ski de randonnée, judo …). La mission dévolue à cette équipe composée de 17 personnes : prêter pendant quelques jours main forte aux sinistrés des dommages (éboulements, inondations, …) causés par la tempête Alex survenue le 2 octobre 2020 dans la vallée de la Roya. Voici le résumé de cette aventure.
Partis chargés de pelles, pioches et râteaux, nous prenons la route avec 3 fourgons mini-bus le samedi 26 décembre à 9h00 en direction du sud et arrivons sur place en fin de journée. En remontant la vallée de la Roya, nous découvrons l’ampleur des dégâts et remarquons les travaux d’urgence déjà entrepris. Les ponts sectionnés ou emportés ont été remplacés par des routes dévoyées dans le torrent ou des ponts suspendus réservés à l’usage des piétons. Parfois, nous devons patienter 15 minutes à un feu avant de pouvoir emprunter une route dont la moitié de la chaussée a été emportée. Des blocs de pierre, des amas de branches et autres débris tapissent les bas-côtés recouverts de boue. Confortablement installés dans nos véhicules, nos exclamations traduisent ce qu’il nous est donné d’observer : “Regarde, la terrasse du restaurant est suspendue dans le vide !”, “Eh là, il manque une façade entière de la maison. On voit ce qu’il y a dedans !” , “Et là, la centrale électrique… !”. Les traces laissées par la subite crue de la rivière sont visibles tout au long de notre trajet.
A la gare de Breil-sur-Roya où il nous a fixé rendez-vous, notre “interlocuteur privilégié”, Gérard, nous rejoint bientôt. Bénévole et originaire de l’Oise, il nous accompagnera tout au long de notre séjour. Venu à Breil dès les premiers jours consécutifs à la tempête, il nous retrace dans le détail l’historique de la catastrophe, en l’agrémentant de commentaires, d’anecdotes personnelles, de ses réflexions, de ses inquiétudes pour l’avenir… Il est chargé de nous dénicher des “chantiers” réalisables à notre échelle. Mais pour l’heure, il est temps pour lui de nous accompagner et nous faire visiter le lieu qui deviendra notre base de vie pendant ces quelques jours, une maison située sur les hauteurs de Breil et connue sous l’appellation : “Chez Ali”.
Cette demeure, prêtée par le propriétaire, un dénommé Ali, abrite une des sinistrées et permet l’accueil des bénévoles venus prêter main forte aux habitants dans leurs efforts de reconstruction. Là, nous faisons la connaissance de Myriam et de son fils de 10 ans, un garçon nommé Gabriel. Originaires de Nice, Myriam et Gabriel se rendent à Breil une à 2 fois par semaine, le mercredi et/ou le week-end, par le train et ce, depuis la mi-octobre dans le seul but de venir en aide aux sinistrés de la vallée ! Nous nous souviendrons longtemps de ce jeune garçon, simplement heureux d’apporter son concours à de multiples tâches, diverses et variées, destinées à soulager les habitants. Gabriel n’est pas peu fier de nous montrer ses cadeaux de Noël : une pioche et une hachette !
Tous ensemble, nous partageons notre premier dîner accompagné de pain et complété de nombreuses pâtisseries (rissoles, brioches, pains d’épice), le tout nous ayant été gracieusement offert avant notre départ de Cluses par la boulangerie MUGNIER, et ce, dans des quantités qui nous permettront de recharger nos batteries et nous ressourcer en énergie tout au long de notre séjour. Que la boulangerie MUGNIER s’en trouve ici chaleureusement remerciée !
S’en suit la traditionnelle “veillée scoute”, rythmée par les chants et les rires. Une découverte de “l’ambiance scoute”, tout spécialement pour Gérard et Gabriel, Myriam connaissant déjà quelques chants de notre répertoire !
Dimanche, nous attaquons notre première journée de travail. Notre premier chantier consiste à reboucher les trous et niveler le chemin de la “monta-mounta” qui permet, entre autres et depuis le bas de la vallée, de rejoindre notre camp de base : “Chez Ali”. Nous terminons ce travail de voirie pour midi, juste à temps pour nous rendre sous les chapiteaux à proximité du gymnase municipal. Là, Pascal et son équipe préparent les repas du midi et du soir pour tous les bénévoles. Travaillant habituellement dans la restauration évènementielle sur la côte, secteur évidemment affecté par les mesures sanitaires actuellement en vigueur, il a choisi d’aider les sinistrés à sa façon, en concoctant des menus préparés à partir de marchandises récoltées auprès de grandes surfaces et résultant de dons divers et variés. Un grand Merci à Pascal et son équipe de bénévoles pour tous ces bons repas et ces rations particulièrement généreuses !
L’après-midi, nous nous rendons chez Lolita. Les trois-quarts de sa maison se sont effondrés à la suite du glissement de terrain provoqué par la crue de la Roya le jour de la tempête Alex. Il en est de même pour l’unique route d’accès desservant jusque-là cette habitation, ainsi que les deux maisons voisines. Sa maison étant désormais trop endommagée pour être habitable, le souhait de Lolita est de construire un chalet situé légèrement plus haut que sa maison, sur un terrain en terrasses. Mais pour cela, encore faut-il procéder au défrichement des dîtes terrasses ! Les outils sur les épaules, nous traversons le pont suspendu permettant de relayer la route principale aux maisons situées sur le versant opposé de la rivière. En compagnie de Gérard, Myriam, Gabriel, d’un voisin et de Payote (le chien), nous coupons, scions, arrachons et brûlons quantités de branchages, ronces et arbres permettant de faire place nette pour la construction du chalet, future habitation de Lolita !
Le lendemain, nous serons guidés par Jean-Louis et Michelle. Une coulée de boue a dévasté un terrain, sans pourtant faire de gros dégâts sur les habitations présentes. Ce terrain, initialement en pente, avait été aménagé en terrasses ; c’est-à-dire en « planches » horizontales, étagées avec des murets de soutènement en pierre, disposés entre chaque terrasse. L’écoulement de l’eau chargée de résidus provoqué par la tempête a démoli certains murs, entraînant sur son passage des monticules de terre. Alors, nous retroussons nos manches afin de recréer une parcelle bien plate permettant le passage de véhicules agricoles, mais également d’un talus bien constitué. L’après-midi, grâce à Yves, nous apprenons à construire un mur de retenue en pierres sèches, muni d’un parement, appelé « restanque ». Le soir, lors de notre veillée, nous rencontrons pour la première fois Lolita qui avait éprouvé le besoin de passer les fêtes en dehors de cette atmosphère pesante. Elle nous raconte cette soirée si particulière où elle a eu la très bonne idée, pour ne pas dire l’intuition, de quitter au plus vite sa maison et d’en avertir ses voisins, juste avant que la catastrophe ne se produise. Tous ses projets sont évidemment aujourd’hui remis en question, mais elle ne perd pas espoir et continue à aller de l’avant.
Mardi, nous sommes répartis sur trois chantiers. Une équipe est chargée de reconditionner, renforcer et allonger le mur de soutènement de la rampe d’accès à la maison d’Ali, notre hôte. Une seconde procède à la réfection du chemin d’accès à une autre maison particulière située en contrebas. La troisième équipe se rend à l’espace d’animation situé à proximité du centre de la commune et qui a été ravagé par la crue de la rivière provoquée par les pluies diluviennes lors de la tempête. Ce lieu, situé au cœur du village, était l’un des principaux lieux de rencontre des habitants, celui privilégié lors de toutes les festivités et animations organisées au sein de la commune. D’autres bénévoles ont déjà réalisé un travail de nettoyage considérable au niveau des gradins et du local faisant office de bar. Mais nous évacuons tout de même une quarantaine de brouettes et 60 cm d’une couche de boue accumulée dans le local attenant à la chambre froide. Cette même équipe se rend ensuite à la mairie pour quelques dizaines de minutes d’échanges avec M. Sébastien OLHARAN, maire de Breil-sur-Roya.
Après un bon repas à proximité du gymnase et un dernier chant en guise de remerciement vis-à-vis de nos hôtes, c’est avec émotion que nous disons au revoir à notre « interlocuteur privilégié » et chef de chantier, Gérard, qui s’est constamment occupé de nous en veillant à ce que nous ne manquions de rien.
Avant de prendre la route du retour pour Cluses, nous remontons la vallée en direction de Tende pour nous rendre encore mieux compte de l’étendue des dégâts consécutifs à la tempête. Là aussi, les ravages sont nombreux, et pour certains très impressionnants. Là aussi, les travaux nécessaires à la reconstruction et la réhabilitation des voies d’accès et des ponts sont considérables et le chantier promet d’être long, coûteux et ouvrageux. Nous apercevons des cordistes renforçant les murs de soutènement d’un pont permettant le passage du chemin de fer. Les lignes SNCF ne desservent plus Tende. Le seul accès possible pour les habitants est la route, elle-même sujette à d’importants travaux. De ce fait, elle n’est praticable que par le biais de convois organisés et autorisés à circuler seulement 2 fois par jour. Ne disposant d’aucune autre solution, certains habitants sont même régulièrement conduits à emprunter les chemins alentours pour se rendre à pied au village voisin. Les voies aériennes (via des hélicoptères) sont également régulièrement utilisées pour procéder au ravitaillement du village.
C’est avec ces dernières images que nous quittons la vallée de la Roya, avec le cœur plein d’émotions, mais aussi avec le sentiment d’avoir pleinement rempli notre mission. Tous les efforts déployés au cours de ces quelques jours nous ont en effet permis, et en quelque sorte, d’offrir “notre” cadeau de Noël aux sinistrés de Breil !
Nous repartons aussi avec des souvenirs plein la tête, faits de rencontres, de moments de partage, de complicité, de rires, de sourires… tout autant de moments d’échanges uniques et indescriptibles qui resteront longtemps gravés dans nos mémoires. Nous garderons en particulier une grande admiration pour ces hommes et ces femmes qui, malgré l’adversité et les “coups durs” rencontrés, ont choisi de reconstruire leur maison et leur village. Qu’ils soient habitants à l’année, à la saison ou de passage, nous avons éprouvé beaucoup de plaisir et un grand bonheur à leur apporter tout notre soutien.
Nous rappelons également que nous n’aurions pu mener à bien cette mission sans les encouragements de la Mairie de Cluses, sans les précieuses contributions financières de l’Entraide Internationale des Scouts de Cluses et de l’Equipe Secours.
Nous remercions aussi les parents des jeunes Scouts qui nous ont accompagné avec enthousiasme dans cette mission pour leur confiance, nous permettant par la même de leur faire découvrir et vivre pleinement cette aventure, riche de nombreux enseignements certainement très profitables à leur expérience et leur vie future.
Merci également à toutes les “petites mains” qui se sont démenées dans l’ombre pour nous apporter l’aide et le soutien nécessaire au bon déroulement de cette mission !
L’équipe missionnée pour intervenir à Breil-sur-Roya du 26 au 29 décembre 2020.